Avant je ne m’intéressais pas vraiment aux enfants… Pas du tout même… Je manquais rapidement de patience avec eux, j’évitais de m’assoir à côté d’une famille au restaurant et je supportais mal leurs plaintes répétées au supermarché. Mon « allergie » faisait bien marrer mes copines qui se désespéraient de ne pas me voir maman à 30 ans passés. En bref, avant on ne peut pas dire que je débordais d’affection pour les petits bambins. Mais ça… c’était avant…
Avant de tomber raide dingue d’un beau trentenaire divorcé, drôle, tendre et… papa d’un petit minot de 3 ans. Parce que oui, dès le départ j’ai pu rencontrer le dit gamin et je me suis vite rendue compte, vu le lien étroit qui le liait à son papounet, que l’éviter ne serait pas chose aisée, le bel homme partageant la garde à 50%. D’emblée j’ai réalisé qu’il me faudrait composer avec le duo pour que les choses se passent bien et pour que notre histoire finisse comme dans les dessins animés Disney.
Au départ, la prise de contact fut timide. Après tout, le minot n’avait pas demandé la séparation de ses parents et encore moins de voir une brunette (oui parce que je suis brune) s’immiscer dans sa relation avec son pater. De mon côté, je m’efforçais de garder une distance, de respecter un juste équilibre pour ne pas déboussoler l’enfant. Plus la relation avec le papa devenait solide et forte, plus je passais de temps avec le duo. Je suis alors passée d’une inconnue à une « tata » et nous avons commencé à nous apprivoiser mutuellement. J’ai appris le « parler enfant » naturellement en échangeant avec ce petit bonhomme déjà bien éveillé. Je me suis exercée au prendre soin d’un tout petit, moi qui était si gauche avec eux habituellement. Parallèlement à ça, ma place au côté du papa s’est affirmée et des projets à 2 se sont dessinés.
Voilà peut-être pourquoi une nouvelle phase moins rigolote a débuté, une période de test où j’étais devenue la « persona non grata » pour le p’tit gars. Celle qui fait toujours les choses mal, qui ne devrait pas être là, qui prend trop de place. Étonnant de réaliser que c’est le moment que le petit mec a choisi pour commencer à m’appeler par mon prénom. Une période de rejet donc, et de recherche d’équilibre pour nous trois. Un ptit moment de flottement où certaines situations prennent à la gorge, où des désaccords divers peuvent apparaître dans la gestion d’une situation donnée ou l’éducation de l’enfant. Mais on ne dit rien, ce n’est pas notre rôle après tout. Un moment où l’homme peut parfois se sentir pris entre le marteau et l’enclume. C’est une période où l’on se cherche un peu. Qui suis-je pour cet enfant? Est-ce que j’en fais trop ou pas assez? Aurais-je un jour MA place? Alors on souffle un bon coup et on passe à autre chose.
Et puis, au fil des mois… Petit à petit… On a fini de s’apprivoiser, on s’accepte mutuellement. Et une relation privilégiée prend forme. Une relation particulière entre l’amoureuse et le fils, à côté même du trio que nous formons désormais. Au fil des mois, on en vient à y penser à ce petit brun, on en vient à se dire qu’il manque quand même, une semaine sur 2. On en vient à se projeter à 3. Et puis bim, un soir on a le déclic. Un soir ou l’on est seuls lui et moi. Un soir ou en regardant le mini mec, faire des bulles sous sa douche, si fier de vous montrer son exploit, on est soi-même surpris de se réaliser attendrie, pleine d’affection et de tendresse pour un ptit gars qui n’est pas le sien.
Et c’est comme ça que je suis devenue belle-maman. Auprès d’un ptit bonhomme qui a réussi à m’approcher sans me faire montrer les crocs, qui m’a donné envie de passer du temps avec lui, qui m’a souvent poussée dans mes retranchements et m’a appris la patience. Belle-maman est un rôle compliqué, à part entière. C’est partager son quotidien avec l’enfant de celui qu’on aime, sans prendre une place qui n’est pas la nôtre. Un difficile numéro d’équilibriste, donc, fait d’allers-retours au rythme du bambin, entre difficultés et harmonie, mais qui apporte beaucoup. C’est ça qui fait qu’aujourd’hui, mes hommes et moi formons une famille, notre petite famille à nous.